• L'accusation de meurtre rituel à l'encontre des Juifs est une allégation selon laquelle les Juifs assassineraient des enfants non juifs à des fins rituelles, la confection de pains azymes pour la Pâque étant la plus fréquemment citée.
• Plus tard, cette motivation rituelle est abandonnée et le meurtre serait dû à la nature diabolique des Juifs.
• Il s'agit de l'une des allégations antijuives les plus anciennes de l'Histoire.

Description d'un meurtre rituel
• Les comptes-rendus de meurtres rituels comportent des constantes remarquables, au point de constituer une véritable accumulation de stéréotypes :
- La victime est le plus souvent un jeune enfant, qui n'a pas encore atteint l'âge de la puberté. Il est enlevé (ou quelques fois acheté), conduit en un endroit secret mais connu de la communauté juive (la maison d'un membre important de la communauté juive, une synagogue, une cave, etc.), et y demeure séquestré jusqu'à sa mise à mort.
- La mise à mort survient au terme d'un cérémonial sacrificiel.
- Le rite comprend des préparatifs, dont le rassemblement des différents participants (certains pouvant venir de très loin) et la fabrication ou la préparation d'instruments de torture.
- Le meurtre se déroule généralement de nuit, assez souvent lors de la Pâque juive. La foule se rassemble au lieu du sacrifice et commence un simulacre de jugement. Sur demande du juge, l'enfant est présenté nu devant le tribunal et enchaîné. Pendant le "procès", des tortures sont infligées à l'enfant, dont beaucoup sont identiques à celles pratiquées par l'Inquisition sur les suspects d'hérésie. Après un long supplice,
- L'enfant à demi-mort est coiffé d'une couronne d'épines et crucifié.
- Le sang s'écoulant des blessures de l'enfant est recueilli dans des coupes ou des verres. L'enfant est finalement tué par un coup de lance, d'épée ou de poignard dans le cœur.
- Le corps de l'enfant est détaché de la croix et son corps caché. Quelques pratiques de magie noire peuvent être pratiquées sur lui.

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Une pratique interdite dans le Judaïsme
• Les descriptions de torture et de sacrifice humain dans les accusations antisémites de rituel sanglant vont à l'encontre de l'enseignement réel du judaïsme.
• De la façon la plus évidente, les Dix Commandements dans la Torah interdisent le meurtre. De plus, l'utilisation du sang (humain ou autre) dans la cuisine est interdite par les règles alimentaires de la cacheroute.
• Le sang des animaux abattus ne doit pas être consommé. Il doit être vidé de l'animal et jeté aux ordures ou recouvert de sable.
• De plus, l'homme n'est pas considéré comme un animal cacher.
• Alors que le sacrifice animal était une pratique du judaïsme ancien, le Tanakh (l'Ancien Testament) et l'Halakha (l'ensemble des lois et prescriptions religieuses) interdisent formellement le sacrifice humain et le considèrent comme l'un des péchés qui différencient les païens de Canaan des Hébreux.
• Les Juifs avaient l'interdiction de pratiquer de tels rituels et étaient punis en cas de transgression.
• En plus, la pureté rituelle interdisait à un prêtre de se trouver dans la même pièce qu'un cadavre humain.

Accusations de crimes rituels du Moyen Age jusqu'à nos jours
• Selon l'historien américain Walter Laqueur,
« En tout, environ 150 cas d'accusations de meurtres rituels ont été répertoriés (sans compter les milliers de rumeurs) qui ont conduit à l'arrestation et au meurtre de Juifs, la plupart durant le Moyen Âge. Dans la majorité des cas, des Juifs étaient tués soit par la foule, soit après un procès précédé de tortures ».

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• Le collaborateur du Times de Téhéran et auteur du livre "L'histoire des Juifs", le Dr Hasan Hanizadeh prétend que les Juifs sont coupables de deux "faits horribles" en Europe au XIXe siècle :

« En 1883, environ 150 enfants français sont assassinés de façon horrible dans les faubourgs de Paris, avant la Pâque juive. L'enquête a montré que les Juifs avaient tué les enfants pour recueillir leur sang… Un fait similaire s'est déroulé à Londres où beaucoup d'enfants ont été égorgés par des rabbins juifs…38,39 »

• Début janvier 2005, quelque 20 membres de la Douma d'État russe accusent publiquement les Juifs de crimes rituels. Ils demandent au procureur général « d'interdire toutes les organisations juives ». Ils accusent les groupes juifs d'être extrémistes et d'être « antichrétiens et inhumains avec des pratiques allant jusqu'au meurtre rituel ».
• En mars 2008, « des centaines de posters antisémites ont été placardés dans la ville de Novossibirsk dans le sud-ouest de la Sibérie (Russie). Ils mettent en garde les parents contre les Juifs qui trempent les matzot dans le sang d’enfants ».

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Études récentes attestant la véracité des  rituels
• En 2007, le professeur Ariel Toaff, fils de l'ancien Grand Rabbin de Rome, publie en Italie une nouvelle étude historique sur ce sujet, Pasque di sangue: Ebrei d'Europa e omicidi rituali (Pâques sanglantes : Juifs d'Europe et meurtres rituels). Dans ce livre, il avance la thèse que la communauté juive de Trente aurait pu réellement commettre le crime rituel contre Simon de Trente dont elle était accusée, revenant ainsi sur les conclusions de tous les historiens du XXe siècle pour qui les meurtres rituels attribués aux Juifs étaient sans fondement.
Toaff ne pense pas que le crime rituel était une pratique généralisée mais que, dans les communautés ashkénazes hantées par le souvenir des massacres des croisades et de la peste noire, des Juifs auraient pu pratiquer ce genre de crime comme une vengeance antichrétienne au moment de la Pâque.
À l'appui de sa thèse, il présente les réponses des suspects telles que les minutes des procès les rapportent : selon lui, même si le plus gros des déclarations était dicté par des juges instruisant à charge, ce qui reste (le discours "autonome" des inculpés) suffit à établir une forte présomption de culpabilité.
• Le livre soulève un tel émoi aussi bien dans le monde des historiens, qui mettent en évidence de graves erreurs de méthode et d'analyse, que dans la communauté juive, qu'il est rapidement retiré de la vente.